Editorial RAM (2015) : Premiers pas

Editorial de Nil Özçaglar-Toulouse, Recherche et Applications en Marketing.

Je ressens beaucoup de plaisir et d’honneur en écrivant ces lignes pour le premier volume de RAM publié sous mon mandat de rédactrice en chef. Plaisir, car c’est une revue que j’ai toujours appréciée en tant que lectrice et contributrice. Le numéro spécial sur le marketing et le développement durable que j’ai co-dirigé avec Amina Bécheur a été une bonne occasion de me familiariser avec « l’envers du décor ». Je mesure les enjeux de la tâche qui m’attend désormais. Plaisir qui se mêle donc à l’excitation du défi à relever. Honneur, de travailler pour la vitrine de l’excellence de la recherche francophone en marketing et de prendre la suite de prédécesseurs illustres qui ont construit et marqué cette recherche : Pierre-Louis Dubois, Joël Jallais, Bernard Pras, Alain Jolibert, Hubert Gatignon, Christian Pinson, Jean-Louis Chandon et Joël Brée, dont je salue le travail. Honneur également, car après avoir adopté la France il y a 20 ans pour des études en marketing puis pour m’y installer, j’ai le sentiment que ma communauté m’a aussi adoptée en m’accordant sa confiance pour prendre les rênes de cette institution.

Mes premiers remerciements vont à Joël Brée, le rédacteur en chef sortant. Comme auteure et évaluatrice, j’ai pu observer son action pendant ses quatre ans de mandat et apprécier sa délicatesse, sa sagesse et sa foi en la capacité des auteurs à améliorer leurs papiers. Je le remercie en particulier pour la qualité de la transmission des dossiers et sa disponibilité pour accompagner mes premiers pas. Cette transmission n’aurait pu se faire efficacement sans le concours de Raphaël Cuffolo. Merci à lui pour son sens de l’organisation et son soutien à la nouvelle assistante de rédaction Anne-Sophie Pruvost, qui a accepté de m’accompagner. Je remercie de tout cœur les comités scientifiques et de lecture sortants, ainsi que les évaluateurs ad hoc, grâce auxquels je peux commencer idéalement mon mandat avec un numéro déjà bouclé (celui que vous tenez entre les mains). Dans ce numéro, vous ferez connaissance avec la nouvelle équipe éditoriale de votre revue. Enfin, mes remerciements vont aussi à Sandrine Macé, Gilles Laurent, Marie-Laure Gavard-Perret, Christian Pinson et Bernard Pras. Nos échanges m’ont été très bénéfiques et m’ont permis de murir mon projet de politique éditoriale.

Cette politique éditoriale s’inscrira dans la lignée de mes prédécesseurs, avec l’objectif de continuer à accroître l’influence scientifique de notre revue et refléter autant que possible la pluralité des voix fertiles de notre communauté. Voici en quelques mots trois enjeux sur lesquels je consacrerai mes efforts en priorité.

Assurer que la revue reste en pointe sur la recherche en marketing

Plus une revue est à l’écoute et à l’avant-garde des préoccupations théoriques, méthodologiques, managériales et sociétales de son temps, plus son aura scientifique est susceptible d’être renforcée aux yeux des chercheurs et praticiens. Je mettrai à profit l’éditorial de la revue pour attirer l’attention des contributeurs potentiels sur des « hot topics ». En complément des numéros spéciaux, je lancerai des appels à des contributions spécifiques à inclure dans les numéros réguliers.

S’il est important d’être à l’écoute de tous les développements méthodologiques et théoriques pouvant être utiles pour la recherche en marketing, il convient aussi d’assurer une qualité scientifique et rédactionnelle irréprochable des articles publiés. A cette fin, des séminaires de type « comment publier » seront organisés. J’ai d’ores et déjà demandé à Joël Brée et à Véronique des Garets de prendre en charge l’organisation d’ateliers thématiques dont l’agenda vous sera communiqué prochainement.

Enfin, je continuerai à renforcer les liens avec le congrès de l’AFM et les journées labellisées par l’AFM (lesquelles constituent souvent des pépinières d’idées en émergence). Et j’essayerai d’attirer des soumissions à partir des congrès internationaux comme l’ACR, l’AMA ou l’EMAC.

En ligne de mire : réussir à augmenter le nombre et la diversité scientifique des articles de première qualité entrant dans le processus d’évaluation et au final, dans la réserve d’articles acceptés.

Fluidifier et renforcer le processus de relecture

Malgré le travail ardu de mes prédécesseurs, le processus d’évaluation reste un point qui peut être encore amélioré. Il est souvent long, parfois trop laborieux ou ressenti comme brutal, et les attentes des évaluateurs ne sont pas toujours bien interprétées par les auteurs. Ainsi, chaque article publié demande une débauche d’efforts à la fois aux auteurs mais aussi aux évaluateurs qui peuvent être en surcharge de travail.

Il est important de veiller à ne pas surcharger les évaluateurs de soumissions non adaptées pour RAM, d’où l’importance des desk rejects et d’assurer des soumissions de qualité. Il convient aussi de faire un suivi très actif des évaluateurs par des relances personnalisées et très régulières. Enfin, j’ai élargi le nombre d’évaluateurs potentiels, reconnus pour leur expertise au sein de notre communauté et aussi dans des réseaux internationaux.

Je souhaiterais aussi mettre en place des ateliers à destination des jeunes chercheurs pour les aider à faire leurs premiers pas dans le « métier » d’évaluateur et pour les inciter en tant que futurs contributeurs à préparer des articles bien calibrés.

Franchir un nouveau cap dans l’internationalisation de la revue et son rayonnement

Deux étapes fondamentales ont déjà été réalisées durant le mandat de mes prédécesseurs : la traduction systématique des articles en anglais et le passage chez Sage. Dans un environnement international de plus en plus concurrentiel, il apparaît primordial d’aller plus loin dans l’internationalisation. Ce qui requiert notamment de stimuler le cycle « citations – accroissement d’impact – attrait d’auteurs – citations – etc. ».

Je travaillerai étroitement avec SAGE et le Vice-président communication de l’Association Française du Marketing pour renforcer la promotion des articles publiés, notamment sur tous les nouveaux médias sociaux appropriés. Mon objectif est d’accroître la citation des articles de RAM dans des revues de la langue anglaise.

Enfin, la reconnaissance internationale de la revue passe aussi par son attractivité auprès des collègues étrangers. Je veillerai à faire connaître la revue dans des réseaux plus larges, allant bien au-delà du monde francophone.

Ces trois chantiers, je les mènerai dans un esprit collectif. Je travaillerai avant tout pour et avec notre communauté. C’est pourquoi j’ai demandé à trois collègues de se joindre à moi dans l’équipe éditoriale en tant que rédacteurs associés. Il s’agit de Gilles Laurent, Marc Vanhuele et Luk Warlop, trois collègues bien connus de la famille de l’Association Française du Marketing pour leurs contributions scientifiques et associatives. Leur mission sera de m’apporter leur concours pour atteindre les trois grands objectifs que je viens de détailler. Plus précisément, il s’agira :

– d’identifier les thématiques, contributeurs et évaluateurs potentiels dans des réseaux différents des miens,

– de jouer le rôle de conseiller lorsque des avis d’évaluateurs sont très divergents,

– de participer au rayonnement de la revue à l’international, notamment en attirant des contributeurs internationaux. Luk aura par ailleurs la responsabilité de la gestion des soumissions en Anglais.

Nous ne pourrons bien sûr pas réussir seuls dans cette tâche, car pour que RAM grandisse encore et relève de nouveaux défis, c’est l’ensemble de notre communauté qui doit agir dans une « économie de générosité », entre évaluateurs et lecteurs, entre auteurs expérimentés et juniors, entre lecteurs et auteurs. C’est pourquoi je tiens à vous remercier toutes et tous d’avance pour votre soutien, vos efforts et votre confiance.

https://doi.org/10.1177/0767370114550448